par Pierre-Pascal Boulanger, Président-fondateur des Économiques et du Printemps de l'économie

L’action publique au pied du mur.

On pense de suite au mur de la dette. Quand le service de la dette (52 milliards d’euros en 2024) devient le 2e poste de dépense de l’État derrière l’enseignement scolaire, et que les déficits publics continuent d’alimenter la dette publique (112% du PIB français en 2024), la question du financement des investissements futurs, impérieux, rendus nécessaires par les bifurcations à prendre si on veut éviter le chaos ne serait-ce que climatique, se pose avec acuité. Et ce d’autant plus qu’idéologiquement et pragmatiquement, la tendance reste (à raison ou à tort) au refus d’actionner le levier de l’impôt.

Récapitulons : combien d’investissements pour la transition écologique ? Le rapport Pisani-Mahfouz le chiffre à 100 milliards d’euros à l’horizon 2030, soit dans cinq ans !

Combien d’investissements dans la recherche, facteur numéro un d’une croissance forte comme le montrent les exemples chinois et américains, quand on sait que la part des investissements dans la recherche (2,2% du PIB en France) reste inférieure à celle de beaucoup de nos voisins européens ? Or on sait que seule une croissance forte, et qui plus est responsable, permettrait de financer les dépenses nécessaires pour relever les défis technologiques, sortir du déclassement, et pour le progrès social. La santé, pour rappel, reste (et on a trop tendance à l’oublier) la préoccupation numéro 1 des Français sur le long terme.

Combien d’investissements pour réindustrialiser, limiter nos dépendances stratégiques, regagner en souveraineté ? La politique commerciale de l'UE devra sans doute se muscler, élection de Donald Trump oblige.

Combien d’investissements pour la défense quand la guerre se rapproche ? Quelle défense européenne ? La question se posait déjà avant, mais se pose avec encore plus d'acuité depuis ce jour, élection de Trump oblige.

Combien d’investissements pour faire face aux chocs démographiques, soit la baisse de la natalité, et le vieillissement de la population, et le coût de la dépendance qui en découle ?

Sans nul doute, en l’état actuel, l’état du futur dégradé qui se profile pose la question du futur de l’État. Si l’action publique n’était pas repensée (mais en quel sens ? Là est essentiellement le débat), le futur de l’État pourrait-il encore infléchir l’état du futur ?

Et que dire de la montée des populismes, qui se nourrissent des terreaux de nos difficultés ?

À force de ne pas décider, plus par peur d’une opinion publique marquée par un individualisme forcené effaçant tout sens du collectif que par un manque réel de moyens, il serait un comble que des pays riches cèdent les clés de ce qui reste encore un paradis à celles et ceux qui prônent l’enfer.

Aujourd'hui, ce qui s'est passé aux États-Unis devrait nous faire sérieusement réfléchir, nous Français, nous Européens.

05/11/2024

Le #printempsdeleco en direct du CESE

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